Jérémy, pourriez-vous nous parler de la genèse de BrainShift AI et de la façon dont cela a transformé le domaine des VFX dans le cinéma ?
BrainShift AI est né d’un constat simple : l’IA allait bouleverser notre manière de créer des images, mais personne ne formait sérieusement les professionnels à ces outils. J’ai voulu créer un collectif de formateurs qui connaissent à la fois les contraintes terrain, les exigences artistiques, et les possibilités réelles de l’IA. On forme des studios, des écoles, des créatifs… avec du concret. Et dans le cinéma, on le voit : les VFX génératifs permettent de tester des idées visuelles en quelques heures, de créer des styles uniques, et surtout de démocratiser l’expérimentation. C’est une révolution… si elle est bien pilotée.
En combinant 27 ans d'expérience dans la publicité, le cinéma et l'IA générative, quelles sont les compétences clés que vous jugez essentielles pour réussir dans ce domaine aujourd'hui ?
Il faut trois piliers :
La vision créative, parce que l’IA reste un outil — si tu n’as rien à raconter, ça se verra.
La capacité à prototyper vite, à tester, itérer, improviser. Les outils évoluent en permanence.
La culture du workflow, c’est-à-dire comprendre comment intégrer l’IA sans désorganiser une prod.
Et un bonus : savoir dire "non" à la hype. Tout ce qui sort n’est pas bon à prendre. Il faut du recul.
Vous êtes reconnu parmi les 100 voix créatives sur LinkedIn en France. Comment utilisez-vous cette plateforme pour influencer l'industrie et promouvoir les technologies de l'IA générative ?
LinkedIn, c’est mon terrain de jeu créatif. Je m’en sers pour montrer des cas concrets, déclencher des débats, partager des expérimentations barrées… mais toujours avec un objectif : faire avancer la réflexion.
L’IA générative, c’est autant un outil qu’un sujet de société. Il faut éduquer, inspirer, mais aussi secouer un peu le cocotier. Je pense qu’on peut être à la fois expert, drôle, engagé et accessible — c’est ce que j’essaie de faire.
En tant que formateur ayant enseigné à plus de 400 professionnels, quelles sont les erreurs les plus courantes que vous avez observées chez les novices en IA dans le secteur créatif ?
1 - Penser que l’IA va faire le boulot à leur place.
2 - Se focaliser sur un seul outil.
3 - Ignorer la chaîne de production.
Et surtout : croire que l’IA remplace la créativité. C’est faux. L’IA, c’est un accélérateur. Mais si tu ne sais pas où tu veux aller, elle ne t’y emmènera pas.
Absolument AI a été cofondé dans le but de pousser la narration visuelle. Pourriez-vous nous expliquer comment l'IA redéfinit la narration visuelle et ce que cela signifie pour l'avenir du cinéma ?
Avec l’IA, on passe d’un cinéma de mise en œuvre à un cinéma d’imagination immédiate.
Tu peux tester 50 styles visuels, réécrire une scène, recréer une ambiance… en quelques heures.
Mais ça oblige à repenser la narration : il faut plus de cohérence, plus de direction artistique, plus de vision.
On revient à l’essentiel : qu’est-ce que je veux faire ressentir ?
Et ça, l’IA ne te le dira pas. C’est au réalisateur ou à la marque de garder cette intention en tête, sinon on part dans le flou visuel.
Vous parlez souvent de films génératifs alimentés par l'IA. Pour nos lecteurs, pouvez-vous expliquer comment cette technologie modifie le processus créatif d'un film traditionnel ?
Traditionnellement, tu écris, tu storyboardes, tu tournes, tu montes.
Avec l’IA, tu peux faire l’inverse : tu vois une image, elle t’inspire une scène, puis tu écris autour.
C’est plus organique, plus libre… mais aussi plus chaotique si mal cadré.
Le vrai changement, c’est la temporalité : tu peux créer en temps réel, en mode prototype, et affiner avec ton équipe.
Mais il faut rester exigeant. Sinon, t’as juste une jolie image qui ne raconte rien.
Après tout est possible, tout dépend les projets.
Quel conseil donneriez-vous à une marque ou à un studio qui souhaite commencer à intégrer des technologies IA VFX dans ses projets créatifs ?
Commencez petit, mais avec une vraie direction artistique.
Ne sous-traitez pas l’IA à un prestataire techno qui vous sort des visuels flous sous prétexte que c’est “génératif”.
Formez une ou deux personnes en interne, testez un mini-projet, voyez comment ça impacte votre process.
Et surtout : entourez-vous de gens qui connaissent à la fois le visuel, la narration et l’IA. Pas juste des techos.
L’IA, c’est une langue. Il faut des traducteurs… pas juste des logiciels.
Jérémy Gross est un consultant en intelligence artificielle et effets visuels pour le cinéma et les marques, avec 27 ans d'expérience dans la publicité, le cinéma et l'IA générative. Il est le fondateur de BrainShift AI et d'Absolument AI, un studio créatif axé sur la narration visuelle. En tant que formateur, il a formé plus de 400 professionnels et anime des masterclass sur l'IA dans les industries créatives. Jérémy est membre du Prompt Club et de l'ANIA, et figure parmi les 100 voix créatives de LinkedIn en France. Son expertise inclut la direction de films, la création de clones numériques et l'intégration de l'IA dans les workflows créatifs.