Monsieur le député Bothorel, avec votre expérience dans le développement numérique, comment définissez-vous l'évolution des usages numériques et de l'IA dans le secteur public, et quels impacts cela peut-il avoir sur les citoyens ?
L'évolution des usages du numériques dans le secteur public est exponentiel, celui de l'IA plus récent. Quand ces usages sont pensés comme devant être au service des citoyens, alors cela se traduit par des impacts positifs. Ainsi, le prélèvement à la source de l'impôt, dont certains moquaient qu'il puisse se réaliser un jour dans notre pays, simplifie grandement la vie de nos concitoyens. Et ce n'est qu'un exemple parmi d'autres , de ces nouvelles applications, dont le déploiement au sein de la sphère publique s'est accéléré depuis le covid. Pour l'IA, et en cette période post sommet pour l'action sur l'intelligence artificielle qui est un succès, convenons qu'il faudra soutenir et encourager son déploiement.
Au regard de vos initiatives sur l'open data, pouvez-vous partager comment ces données ouvertes peuvent concrètement révolutionner l'administration publique et favoriser la transparence ?
Politique, la donnée est un moyen puissant de restaurer la confiance dans l’action publique. Le défi est immense : la consultation publique conduite par la mission a révélé une défiance majeure dans la donnée utilisée par l’État. À cet égard, la crise de la Covid19 a provoqué un éveil de la nation à la donnée. Les difficultés pour établir des statistiques en temps réel de l’épidémie, les conflits d’interprétation des courbes, la fragilité des hypothèses des modèles épidémiologiques, auront eu une vertu pédagogique : celle de révéler que toute donnée est une construction et qu’elle doit être expliquée. Ouvrir la donnée, c’est enrichir le débat public. Cette transparence est le meilleur remède à la défiance et au complotisme.
Vous avez une expertise en gestion de la qualité. Comment appliquez-vous cette compétence pour améliorer l'intégration des technologies numériques et de l'IA dans les projets gouvernementaux ?
Alors je me garderai bien en tant que parlementaire de prendre part à des projets gouvernementaux : je suis attaché à la séparation des pouvoirs, et je ne suis que législateur. Mais dans mon mandat au quotidien, c'est vrai, je garde quelques réflexes de qualiticien, comme celui de fuir les documents qui tentent de vous convaincre d'une réalité à partir d'une moyenne (la médiane est toujours la meilleurs amie), mais aussi un attachement profond à comprendre les causes d'un process défaillant (pour les corriger) plutôt que de tenter de corriger les effets de ce process.
Quelles sont, selon vous, les principales barrières à l'adoption des technologies IA dans les collectivités territoriales et quels moyens pourrions-nous utiliser pour les surmonter ?
Il y a 3 barrières : la formation des agents, la formation des agents, et la formation de agents. Et un peu de portage politique parfois aussi.
En tant qu'ancien responsable commercial, comment percevez-vous le rôle du secteur privé dans le soutien du développement des usages numériques dans les services publics ?
C'est un rôle essentiel. Il est d'autant plus essentiel que désormais, au delà de l'expertise, d'autres enjeux sont venus se greffer à cette attente de base, dont celui de la souveraineté (je préfère le terme d'autonomie stratégique). Le rôle du secteur privé n'est pas uniquement de fournir des solutions, mais d'accompagner ces clients qui se doivent de respecter un cadre règlementaire sur des aspects aussi divers que la cybersécurité (coucou Nis2 2025) ou de protection de la donnée personnelle (RGPD)
En anticipant les prochaines législatives, quelles politiques ou mesures envisagez-vous de proposer pour accélérer le développement des usages numériques et de l'IA dans l'administration française ?
Il s'agit de jouer sur le triptyque : Infrastructure, énergie, talents, et s'assurer que sur ces axes, l'excellence soit toujours non démentie. Infrastructure : cela concerne aussi bien les centres de calculs que les DC pour inférer l'IA. Energie : poursuivons sur la route de décarbonation de nos usages et du déploiement d'un mix de production énergétique bas carbone. Les talents : tenons nos objectifs ambitieux de formation des mathématiciens, des datascientists, .... et de tous ceux qui seront les agents et les salariés, augmentés demain par l'IA.
Éric Bothorel est député de la 5ème circonscription des Côtes-d'Armor depuis 2017. Il représente le mouvement Ensemble pour la République (voir son site ici). Il a une expérience significative à l'Assemblée nationale et a précédemment occupé des postes dans le développement numérique et commercial. Il est diplômé de l'École Supérieure d'informatique et de Gestion et a suivi le cursus d'auditeur de l'IHEDN. Il possède des compétences en gestion de la qualité et en développement commercial.