Interview
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Sylvie, pouvez-vous nous raconter comment votre parcours professionnel vous a conduit à devenir Ambassadeur IA et Référente Régionale Transition Numérique ?
J'ai rejoint la Chambre de Métiers en 2021 en tant que Conseillère d'entreprise, avec une expertise forte dans la transition numérique. Mon parcours, notamment ma spécialisation en e-commerce, m'a toujours tenue connectée au digital.
Ce qui est important, c'est ma démarche proactive : j'ai immédiatement testé ChatGPT dès sa sortie, et j'ai très vite compris l'impact et le potentiel immense de ces assistants d'IA générative pour les artisans que j'accompagne.
Parallèlement, j'ai accepté le poste de Référente régionale pour la transition numérique devenu vacant.
J'ai ensuite voulu aller plus loin. Je me suis investie dans l'appel à manifestation d'intérêt de la DGE, dans le cadre du plan "Osez l'IA". J'ai eu l'honneur d'être sélectionnée parmi les 300 ambassadeurs.
Aujourd'hui, cette mission me passionne : il s'agit de démystifier l'IA, de la rendre concrètement accessible aux artisans de la région Centre-Val de Loire, de valoriser ses bénéfices métiers et, surtout, d'accompagner leur montée en compétence pour qu'ils puissent pleinement saisir ces nouvelles opportunités. »
Comment percevez-vous l'impact de l'intelligence artificielle sur l'artisanat en Centre-Val de Loire et quelles opportunités émergent selon vous pour les artisans grâce à ces technologies ?
L'ia est en général perçue comme une opportunité par la plupart des artisans rencontrés. Ils peuvent optimiser des tâches administratives et gagner un temps précieux pour se consacrer davantage à la création et la production. Elle est déjà beaucoup utilisée pour la création de contenus et supports marketing. Les opportunités émergentes sont relatives à l'automatisation de la gestion qui permet de se consacrer à son coeur de métier et la visibilité grâce à l'optimisation du référencement. J'ai constaté que la personnalisation de l'offre et l'utilisation d'outils dans la relation clients sont des aspects peu traités actuellement.
Vous êtes spécialisée dans la transition numérique. Quelles sont les plus grandes résistances que les entreprises rencontrent lors de l'adoption de l'IA et comment peut-on les surmonter ?
Le principal obstacle à l'adoption des technologies par le secteur artisanal réside dans un déficit de culture numérique, surtout en ce qui concerne le potentiel des IA génératives. Il est essentiel d'éduquer sur ce que l'IA peut apporter – et non remplacer – tout en sensibilisant aux bonnes pratiques pour en exploiter le potentiel tout en maîtrisant les risques d'erreurs (biais, hallucinations).
En tant qu'experte en développement économique, comment l'IA peut-elle jouer un rôle dans la revitalisation économique des régions rurales ?
Je vois 2 rôles principaux en relation avec le domaine où j'exerce : l'accès à l'information et aux droits pour des populations éloignées des grandes villes ainsi que la possibilité de faire connaître des savoir-faire, de rendre accessibles des produits issus du monde rural via le e-commerce et ceci avec une portée parfois mondiale. En combinant savoir-faire local et technologies de l'IA (comme pour le tri des produits ou la prédiction des rendements), les territoires peuvent inventer de nouveaux modèles d'affaires plus rentables et respectueux de l'environnement
Avec votre expérience en e-commerce et en gestion de projet, comment voyez-vous l'IA redéfinir le commerce en ligne au cours des prochaines années ?
Les évolutions technologiques sont fulgurantes. J'en ai eu la preuve en voyant un agent IA surpasser de loin la fonction "recherche" classique par une approche dialogue et affinement. La progression en termes de qualité de réponse est sidérante. C'est ce qui me fait dire que le futur, c'est l'anticipation intelligente. Il est tout à fait réaliste d'imaginer que, très bientôt, mon assistant IA saura quoi me conseiller de porter le matin, pourra identifier les lacunes de ma garde-robe et même passer commande en livraison ultra-rapide des pièces manquantes. C'est le passage d'un outil à un véritable majordome numérique proactif
Quelles compétences ou formations recommandez-vous aux professionnels de l'artisanat qui souhaitent intégrer l'IA dans leur activité ?
Les compétences à développer sont les suivantes : compréhension des fondamentaux de l'IA, maitrise des outils d'IA générative (créations textes, visuels, audio et vidéo) puis identification des tâches chronophages et automatisation, sans oublier le cadre juridique et légal qu'il est impératif de prendre en compte. Les chambres de métiers et de l'artisanat proposent des accompagnements via les conseillers spécialisés numérique locaux : diagnostics de maturité numérique et des formations, spécifiques, souvent courtes et pratiques, sur les fondamentaux et la maitrise des outils d'IA. Ces formations sont adaptées aux réalités de l'artisanat et peuvent souvent bénéficier de financements (FAFCEA, etc.)
À votre avis, quel rôle devraient jouer les institutions comme la Chambre de Métiers et de l’Artisanat pour favoriser l'adoption de l'IA dans les petites et moyennes entreprises artisanales ?
Le rôle des institutions et notamment de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat est avant tout celui de facilitateur et d'accélérateur de la transformation. Informer, sensibiliser, accompagner, réaliser une veille active et constante sur les évolutions afin d'en extraire les bénéfices métiers à valoriser et à appliquer afin que les artisans puissent continuer à se concentrer sur leur coeur de métier en sachant qu'ils peuvent être accompagnés par des tiers de confiance tels que les chambres consulaires, pour prendre ce virage technologique qu'il est important de bien négocier.
Sylvie Casagrande est Ambassadeur IA et Référente Régionale pour la Transition Numérique à la Chambre de Métiers et de l’Artisanat Centre-Val de Loire. Elle est chargée du développement économique et numérique depuis septembre 2021. Sylvie possède des compétences variées en transformation numérique, e-commerce, et gestion de produit.
