Humaniser l’IA dans notre communication est une nécessité (Florence de Rochefort, Com-e-Medias)

Florence, pouvez-vous nous partager comment votre parcours en communication a évolué pour inclure l'intelligence artificielle et la responsabilité sociétale des entreprises ?

Mon parcours en communication a toujours été guidé par l’humain : comprendre les besoins, créer des actions porteuses de sens et bâtir des liens durables entre les organisations et leurs publics. J’ai toujours travaillé avec les nouvelles technologies en fonction des nouvelles attentes.
L’intelligence artificielle est venue enrichir cette démarche : non pas comme une fin en soi, mais comme un levier pour amplifier l’impact positif de la communication. Elle permet notamment de gagner en réactivité et en créativité… tout en laissant davantage de place à l’essentiel : la vision, l’éthique, la relation.
La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) est un socle incontournable. Parce que communiquer sans conscience n’a plus de sens. Parce que les organisations doivent incarner ce qu’elles disent. Chaque message est une empreinte.
Mon approche a donc naturellement évolué vers des stratégies plus responsables. Mon rôle est de contribuer à une nouvelle manière de raconter le monde, une manière plus lucide, plus responsable, et résolument tournée vers le vivant.

En tant que fondatrice de 'Who's Human IA', comment percevez-vous l'importance de l'humanisation de l'IA dans le contexte actuel des entreprises ?

Pour moi, humaniser l’IA est une nécessité.
Lorsque j’ai créé Who’s Human IA🇫🇷, c’était justement pour remettre les visages, les histoires et les valeurs humaines au centre d’un sujet souvent traité comme purement technologique. Derrière chaque avancée en intelligence artificielle, il y a des femmes et des hommes qui pensent, imaginent, doutent, expérimentent et ouvrent des voies nouvelles. L’IA n’existe pas en dehors de nous — elle est façonnée par nos choix, nos intentions.
Dans le contexte actuel des entreprises, cette humanisation est cruciale. Parce qu’une technologie sans vision humaine peut accélérer, mais pas forcément dans la bonne direction. Les organisations qui réussiront demain sont celles qui comprendront que l’IA n’est pas là pour remplacer les humains, mais pour amplifier leur intelligence collective, renforcer leur capacité à innover avec sens, et créer des espaces de confiance.
Who’s Human IA🇫🇷 est né de cette conviction : rappeler que la technologie la plus puissante, c’est encore l’humain.

Vous avez travaillé avec de nombreuses startups et PME, comment ces entreprises peuvent-elles tirer parti de l'IA sans perdre de vue leur éthique et responsabilité sociétale ?

Les startups et les PME ont cette force unique : leur agilité et leur proximité humaine. Si elles intègrent l’IA avec une boussole éthique, cette technologie peut devenir un levier d’impact, pas une dérive.
L’IA ne doit pas effacer l’humain, elle doit amplifier sa créativité, sa vision et sa responsabilité. En gardant cette boussole éthique, l’IA peut donc devenir un formidable outil pour renforcer les valeurs qui font l’ADN de ces entreprises. Elle peut automatiser sans déshumaniser, accélérer sans écraser, éclairer sans manipuler. Ce n’est pas une course à la performance, c’est une marche vers le sens.
La responsabilité sociétale n’est pas une contrainte en marge de l’innovation : elle en est le moteur silencieux. Plus les PME et startups intégreront cette dimension en amont, dans leur gouvernance, leurs produits, leurs usages, plus elles construiront une croissance solide, alignée avec le monde qu’elles contribuent à façonner.

Quelles sont les erreurs courantes que vous observez lorsque les entreprises intègrent l'IA dans leur stratégie, et comment peuvent-elles les éviter ?

L’une des erreurs les plus fréquentes que j’observe, c’est de considérer l’IA comme une solution miracle plutôt que comme un outil au service d’une vision. Beaucoup d’entreprises se précipitent sur la technologie avant même d’avoir défini le « pourquoi » et le « pour qui ». Elles construisent une réponse… à une question qu’elles n’ont pas encore posée.
Une autre erreur courante, c’est de déléguer entièrement l’IA à la technique, en oubliant que ce sont les valeurs, la culture et la stratégie humaine qui doivent en tracer les contours. L’IA n’est pas neutre : elle porte nos biais, nos angles morts, nos intentions.
Et le point essentiel, c’est que certaines organisations oublient d’embarquer leurs équipes. L’IA devient alors un outil subi plutôt que choisi, générant méfiance, perte de sens ou tensions internes.
Pour l’éviter, il faut inverser la logique : commencer par le pourquoi - le sens, construire une gouvernance éthique et transparent pour cadrer les usages. Inclure les humains dans la boucle. L’IA n’a de valeur que lorsqu’elle sert une vision collective.

Avec plus de 30 ans d'expérience, quel impact concret de l'IA avez-vous observé dans le domaine de la communication digitale ?

En trente ans, j’ai vu la communication digitale passer de l’intuition à la donnée, de la diffusion à la conversation, et désormais de la conversation à l’intelligence augmentée.
Là où autrefois nous parlions à une audience, nous pouvons aujourd’hui dialoguer avec elle, anticiper ses besoins, personnaliser les messages et mesurer en temps réel l’impact de chaque mot.
L’IA nous pousse à affiner notre regard, à écouter autrement, à replacer la stratégie au centre pour éviter de se noyer dans la surabondance d’informations. Elle ne remplace pas la vision humaine mais l’éclaire. Mais plus la technologie s’affine, plus l’authenticité devient précieuse.

En se projetant dans l'avenir, comment voyez-vous l'évolution de la place de l'intelligence artificielle dans les stratégies de communication, notamment en ce qui concerne la RSE ?

Je crois profondément que l’avenir de la communication ne se jouera pas contre l’intelligence artificielle, mais avec elle, à condition de garder une boussole éthique solide.
Elle poussera les entreprises à être plus transparentes, plus responsables et plus cohérentes. L’IA va s’intégrer de plus en plus finement dans les stratégies de communication : elle analysera les signaux faibles, anticipera les attentes sociétales, personnalisera les messages avec une précision inédite. La communication ne dira plus seulement ce qu’on veut montrer, mais ce qu’on fait vraiment.
La RSE deviendra le socle de ces stratégies. L’IA permettra de rendre visibles les engagements réels, de mesurer les impacts, de détecter les décalages entre le discours et les actes. Elle poussera les entreprises à passer d’une communication déclarative à une communication démontrée.
L’avenir appartient aux organisations qui sauront conjuguer puissance technologique et intégrité humaine !


Florence de Rochefort est consultante en communication 360 digital. Elle a fondé "Who's Human IA" et travaille avec des startups, indépendants, TPE, PME, agences de communication, associations et collectivités. Son expérience inclut des audits de communication, des recommandations stratégiques, et la gestion d'événements. Elle possède plus de 30 ans d'expérience dans le domaine, avec un accent sur la digitalisation des communications et le community management.

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