Manuela, en tant que CEO spécialisée dans l'acculturation à l'intelligence artificielle, comment avez-vous perçu l'évolution des mentalités concernant la compréhension et l'acceptation de l'IA dans les entreprises ?
Ces deux dernières années, j’ai observé un changement significatif : l’IA n’est plus perçue comme une technologie réservée aux experts, mais comme un levier accessible, surtout avec des outils comme ChatGPT et Mistral AI. Les entreprises, en particulier les TPE/PME, passent progressivement de la curiosité à l’expérimentation, notamment lorsqu’on les accompagne avec pédagogie et pragmatisme. Le frein principal reste la méconnaissance des usages concrets et des enjeux de sécurité, d’où l’importance de l’acculturation et du diagnostic IA personnalisé.
Pouvez-vous nous parler d'un projet ou d'une expérience marquante dans votre carrière qui a solidifié votre passion pour l'intégration de l'IA dans les processus métiers ?
Un projet marquant a été l’accompagnement d’un cabinet d’optique sur 70h de formation, structuré autour de l’automatisation des processus administratifs, la création de contenus marketing via IA, et la mise en place d’indicateurs de performance. Ce projet m’a confortée dans l’idée qu’une IA bien intégrée ne remplace pas l’humain, mais le libère de tâches à faible valeur ajoutée. La clé du succès a été de partir des besoins métiers concrets et de co-construire les usages avec les équipes.
Comment expliquez-vous la notion de 'Prompt Engineering' à des novices en IA, et pourquoi cette compétence est-elle cruciale pour le développement des technologies aujourd'hui ?
Je l’explique comme l’art de poser les bonnes questions à une IA pour obtenir des réponses utiles. C’est un mélange de stratégie, de clarté et de contextualisation. Un bon prompt, c’est comme un brief efficace à un collaborateur : plus il est structuré, mieux l’IA peut répondre. Cette compétence devient centrale dans un monde où dialoguer efficacement avec des modèles d’IA est aussi important que savoir utiliser un tableur il y a 20 ans.
Quelle a été votre plus grande réussite en termes d'optimisation des processus métiers grâce à l'IA, et quels enseignements avez-vous tirés de cette expérience ?
Ma plus grande réussite a été l’intégration d’outils IA dans une entreprise de transport routier, en optimisant la gestion des documents RH et des factures grâce à un système automatisé via Make et Google Sheets. Résultat : gain de 40 % de temps administratif et meilleure traçabilité des échanges. L’enseignement principal : l’IA est puissante quand elle répond à une problématique métier claire et qu’elle est introduite avec accompagnement humain.
En tant que conférencière, quel est le message le plus important que vous souhaitez transmettre aux entreprises concernant leur stratégie d'adaptation à l'intelligence artificielle ?
L’IA n’est pas un luxe ou une menace : c’est un outil stratégique pour renforcer la compétitivité et le bien-être au travail. Mon message : commencez petit, mais commencez maintenant. L’adoption de l’IA ne passe pas par des révolutions, mais par des micro-changements qui transforment profondément les pratiques, surtout si l’on implique les équipes dès le départ.
Comment imaginez-vous l'évolution de l'intelligence artificielle dans les prochaines années et quel rôle pensez-vous qu'elle jouera dans le développement des compétences humaines et technologiques ?
L’IA va devenir un co-pilote du quotidien, et non plus un simple outil. Elle renforcera les compétences humaines (créativité, analyse, décision) en prenant en charge des tâches répétitives ou techniques. Les entreprises devront miser sur des formations hybrides, mêlant soft skills et maîtrise de l’IA, pour rester agiles dans un monde en transformation continue.
Quels conseils donneriez-vous aux entreprises qui hésitent encore à adopter l'intelligence artificielle pour transformer leurs pratiques organisationnelles ?
Je leur dirais : n’attendez pas d’avoir tout compris pour agir. Identifiez un irritant interne, testez une solution simple avec un outil freemium, et observez les résultats. Adopter l’IA, ce n’est pas faire un grand saut dans l’inconnu, c’est oser expérimenter avec méthode et accompagnement.