Antoine, pouvez-vous nous parler de la création de GPToast et de l'impact que la newsletter a eu sur ses abonnés, notamment sur les décideurs en matière d'IA ?
GPToast est né d’un besoin très personnel. Je suivais l’actualité de l’IA tous les jours, mais je passais beaucoup trop de temps à trier l’information utile du bruit. Je me suis dit que je n’étais sûrement pas le seul dans ce cas.
J’ai donc commencé à résumer chaque matin ce que je jugeais vraiment important, avec un format volontairement simple et court. Petit à petit, la newsletter a trouvé son public, notamment chez des managers, des fondateurs et des professionnels qui veulent rester informés sans y passer des heures.
Les retours que je reçois me touchent beaucoup. Certains abonnés m’expliquent que GPToast les aide à mieux comprendre les enjeux, à faire des choix d’outils, ou simplement à se sentir moins dépassés par la vitesse à laquelle l’IA évolue. C’est ce qui donne du sens au projet.
Comment votre expérience en tant qu'auditeur financier chez Deloitte influence-t-elle votre compréhension et votre appréciation de l'intelligence artificielle dans le secteur bancaire ?
Mon expérience en audit financier dans le secteur bancaire m’a surtout appris à regarder les choses avec prudence et méthode. Dans ces environnements, l’IA est intéressante, mais elle doit avant tout être maîtrisable, sécurisée et conforme.
Cela m’aide à garder une lecture assez équilibrée de l’IA. Je suis convaincu de son potentiel, mais j’essaie toujours de distinguer ce qui est réellement applicable aujourd’hui de ce qui relève encore du discours prospectif.
C’est aussi cet état d’esprit que j’essaie de transmettre dans GPToast : rester curieux, ouvert, mais lucide sur les usages concrets.
En tant que fondateur de plusieurs start-ups, comment voyez-vous l'IA transformer le paysage entrepreneurial, et quels conseils donneriez-vous aux nouveaux fondateurs souhaitant intégrer l'IA dans leurs projets ?
Je pense que l’IA offre une opportunité formidable aux entrepreneurs, surtout parce qu’elle permet de tester plus vite et à moindre coût. Elle rend beaucoup de choses plus accessibles qu’auparavant.
Cela dit, je crois qu’il faut rester prudent et ne pas faire de l’IA une finalité en soi. Mon conseil serait de bien partir d’un problème réel, vécu par des utilisateurs, avant de chercher à y appliquer de l’IA.
Je dirais aussi qu’il est important de se former en continu, sans forcément devenir expert technique. Être simplement exposé régulièrement aux usages concrets permet déjà de faire de meilleurs choix. C’est d’ailleurs l’objectif que je poursuis avec GPToast.
Pourriez-vous nous en dire plus sur Jungle Eye et comment l'algorithme utilise l'IA pour détecter les best-sellers sur Amazon ? Quels défis avez-vous rencontrés lors de son développement ?
Jungle Eye est né d’une problématique très concrète que j’avais en tant qu’entrepreneur : comprendre ce qui fonctionne réellement sur Amazon, au-delà des intuitions et des effets de mode. L’idée était de s’appuyer sur les données disponibles pour identifier plus objectivement les produits qui montrent un potentiel de best-seller.
L’IA intervient surtout pour analyser de grands volumes d’informations, repérer des signaux faibles, des dynamiques de ventes, des évolutions de prix ou encore des comportements de concurrence. Cela permet d’avoir une lecture plus structurée de marchés qui sont souvent très opaques.
Les principaux défis ont été liés à la qualité des données et à leur interprétation. L’IA peut aider à analyser, mais elle ne remplace pas le bon sens. Il a fallu beaucoup de tests, d’itérations, et accepter que l’outil s’améliore progressivement, plutôt que de chercher une solution parfaite dès le départ.
En tant qu'expert, quels sont les obstacles majeurs à l'adoption de l'IA que vous avez observés dans les entreprises, et comment peuvent-elles les surmonter ?
Ce que j’observe le plus souvent, ce n’est pas un problème technologique, mais un problème humain et organisationnel. Beaucoup d’entreprises ne savent pas par où commencer, ou craignent de mal faire.
Il y a aussi parfois un décalage entre les équipes métiers et les équipes techniques, ce qui rend les projets plus complexes à lancer. À cela s’ajoutent des questions légitimes autour de la sécurité des données, de la conformité et de la fiabilité des outils.
Pour surmonter ces obstacles, je pense qu’il faut commencer petit, avec des cas d’usage simples, concrets, mesurables. L’IA est plus facilement adoptée quand elle répond à un besoin très précis plutôt que lorsqu’elle est présentée comme une révolution abstraite.
Avec plus de 5 000 abonnés à votre newsletter, comment abordez-vous la diversité des niveaux de compréhension de l'IA parmi vos lecteurs ? Avez-vous des stratégies pour rendre cette technologie accessible à tous ?
C’est une vraie question, et c’est même l’un des défis principaux de la newsletter. Les lecteurs n’ont pas du tout le même niveau de compréhension de l’IA, ni les mêmes usages. Certains sont très à l’aise avec le sujet, d’autres le découvrent.
J’essaie donc de toujours partir de cas concrets, d’exemples simples, et d’éviter autant que possible le jargon. L’objectif n’est pas d’impressionner, mais d’être compris.
Je fais aussi attention au format. Une information peut être techniquement complexe, mais si elle est bien expliquée, elle devient accessible. C’est cette logique que j’essaie d’appliquer chaque matin dans GPToast.
Comment envisagez-vous l'évolution de l'intelligence artificielle au cours des prochaines années, notamment en termes de régulations, d'éthique et d'impact sociétal ?
Je pense que l’IA va continuer à se diffuser très rapidement dans les usages du quotidien, souvent de manière assez invisible. Elle ne sera pas toujours perçue comme de “l’IA”, mais simplement comme une fonctionnalité de plus dans les outils que nous utilisons.
En parallèle, les questions de régulation et d’éthique vont prendre de plus en plus de place. C’est sain, car ces technologies soulèvent de vrais enjeux, notamment en matière de données, de transparence et de responsabilité.
Sur le plan sociétal, je crois que l’impact sera contrasté. Certains métiers vont se transformer profondément, d’autres vont émerger. L’enjeu principal, selon moi, sera l’adaptation. C’est aussi pour cela que la compréhension de ces sujets me semble essentielle, même sans être expert technique.