Dans un monde où la technologie et l'intelligence artificielle façonnent les processus de recrutement, les entreprises se voient contraintes de revenir à une approche plus traditionnelle : les entretiens d'embauche en personne. Qu'est-ce qui a poussé les entreprises à faire ce choix ? Comment la montée en puissance des outils d'IA influence-t-elle la manière dont les candidats se présentent sur le marché du travail ?
L'Entretien d'Embauche en Présentiel : Une Réaction Face à l'Invasion de l'IA

Au cours des dernières années, le paysage du recrutement a radicalement changé. Les entretiens virtuels, qui étaient censés simplifier le processus d'embauche en raison de l'essor du travail à distance, deviennent de plus en plus problématiques. Les recruteurs constatent une augmentation alarmante des fraudes, avec des candidats utilisant des outils d'IA pour tricher lors des entretiens, notamment dans le cadre d'évaluations techniques. Des cas plus inquiétants émergent également, où des escrocs, armés d'outils d'IA, se font passer pour des candidats afin de soutirer des informations ou de l'argent une fois embauchés. Face à cette réalité, des entreprises comme Cisco et McKinsey choisissent de réintroduire des rencontres physiques à divers stades du processus de recrutement pour mieux évaluer les compétences des candidats.

Google, par exemple, a relancé les entretiens en personne pour certains postes, notamment ceux nécessitant des compétences techniques, comme la programmation. Le PDG Sundar Pichai a souligné l'importance d'un entretien physique pour garantir que les fondamentaux sont maîtrisés. Cette décision marque un tournant dans la manière dont les entreprises tentent de restaurer la confiance dans le processus d'embauche, en veillant à ce que les candidats aient réellement les compétences qu'ils prétendent posséder.

Dans le contexte actuel, les entretiens pour les postes d'ingénieur logiciel, qui intègrent souvent des défis de codage en temps réel, suscitent des inquiétudes croissantes. Il est devenu relativement aisé pour des candidats de se servir d'outils d'IA hors caméra pour produire le code requis lors des évaluations. Mike Kyle, directeur chez Coda Search/Staffing, a constaté une augmentation significative de la demande d'entretiens en personne, passant de 5 % à 30 % en un an. Ce retour aux bases est non seulement une réaction aux fraudes, mais aussi une réponse à une compétition de plus en plus féroce entre candidats et employeurs, chacun cherchant à tirer parti des avancées technologiques.

L'émergence de l'IA a également intensifié la lutte entre les chercheurs d'emploi et les employeurs. Les entreprises, submergées par le nombre croissant de candidatures en ligne, ont commencé à utiliser des logiciels pour filtrer les candidats. En réponse, les chercheurs d'emploi ont commencé à adopter des outils d'IA pour personnaliser leurs candidatures et postuler à plusieurs emplois en quelques clics. Cependant, cette nouvelle dynamique a mis en lumière des fraudes, avec une enquête de Gartner révélant que 6 % des candidats avaient admis avoir participé à des fraudes d'entretien, soit en se faisant passer pour d'autres, soit en ayant une personne se substituer à eux. Les experts prévoient que d'ici 2028, un candidat sur quatre pourrait être un faux profil.

Alors que les entreprises tentent de se protéger contre ces menaces numériques, certaines, comme McKinsey, ont commencé à encourager les entretiens en personne pour mieux évaluer la capacité des candidats à établir des relations de confiance, essentielles dans des rôles impliquant des interactions directes avec les clients. Le besoin d’une évaluation plus humaine est devenu évident lorsque des candidats ont été découverts en train d'utiliser des outils d'IA pour fausser leurs performances. Les entreprises adoptent également des services spécialisés pour détecter les fraudes et vérifier les antécédents numériques, rendant les entretiens en personne de plus en plus cruciaux.

Pour les demandeurs d'emploi, cette montée des fraudes génère un climat de méfiance qui complique davantage la recherche d'un poste. Rosa Bazyluk, responsable de l'acquisition de talents chez Tomo, a noté que des candidats utilisent des technologies pour altérer leur identité pendant les entretiens. En réponse, les entreprises doivent désormais être vigilantes et détecter des signes de tromperie, comme des murmures hors écran ou des pauses suspectes avant de répondre aux questions.

Les entreprises comme Cisco explorent également des méthodes pour renforcer la sécurité du processus de recrutement, en intégrant des entretiens en personne pour écarter les candidats potentiellement frauduleux. Il est devenu courant que certains candidats se retirent silencieusement à la simple mention d’un entretien physique, révélant ainsi leur intention douteuse.

Alors que le marché du travail évolue rapidement, une question demeure : comment les entreprises et les candidats peuvent-ils naviguer dans cette nouvelle réalité où l'authenticité est mise à l'épreuve par la technologie ? La nécessité de préserver l'intégrité du processus d'embauche est plus essentielle que jamais, mais à quel prix ?

Cet article souligne l'importance croissante des entretiens d'embauche en personne face aux défis posés par l'IA, un sujet qui peut également être abordé grâce à Zenbaia, une plateforme qui permet de créer des agents intelligents utilisant l'IA générative pour optimiser vos processus métiers sans nécessiter d'expertise technique.

Source originale : Ray A. Smith, The Wall Street Journal.

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