Voici les quatre enseignements les plus inbtéressants d'Adopt AI 2025, ceux qui dessinent véritablement les contours de notre avenir.
1. Loin des projecteurs, l'IA transforme déjà l'industrie lourde
Alors que l'attention du public se concentre sur les chatbots et les générateurs d'images, une transformation radicale est en marche dans les secteurs les plus traditionnels. Les sessions dédiées à l'« IA pour l'Industrie » ont montré comment des géants comme Renault, la SNCF et ENGIE déploient l'IA pour dépasser le stade des projets pilotes enlisés. L'objectif est désormais de déployer l'IA à l'échelle dans certains des environnements industriels les plus complexes au monde, en modernisant des actifs au cycle de vie très long.
Le véritable enjeu n'est pas seulement technologique. L'une des discussions les plus éclairantes, réunissant ITER, Airbus et la société Ask for the Moon, a porté sur la préservation du savoir institutionnel. Dans des projets s'étalant sur des décennies, l'IA devient un outil crucial pour capturer et transmettre une expertise qui, autrement, se perdrait. Comme l'ont souligné les dirigeants présents, le succès de cette transformation repose sur des fondations solides : des données propres, des catalyseurs technologiques robustes et, surtout, un investissement massif dans les compétences humaines.
2. Préparez-vous : demain, ce ne sera peut-être plus vous qui ferez les courses
Imaginez un futur où vos courses ne sont plus une tâche, mais une mission déléguée. C'est la promesse du concept futuriste d'« Agentic Commerce », qui a fait l'objet d'une session captivante. L'idée est simple mais révolutionnaire : des agents d'IA intelligents effectueront des achats en notre nom, transformant l'acte d'achat en une véritable conversation. Le paradigme bascule du B2C (direct-to-consumer) à un modèle A2B (agent-to-brand), où la relation se noue entre l'agent IA et la marque.
Ce changement pose un défi existentiel pour les marques : comment rester visible et pertinent lorsque le client final est un algorithme ? La conversation ne se fera plus via des publicités traditionnelles, mais à travers des API et des flux de données. Les experts ont souligné l'émergence de nouvelles disciplines, comme la « Generative Engine Optimization » (l'optimisation pour les moteurs génératifs), et la nécessité d'inventer de nouveaux indicateurs de performance. C'est une redéfinition fondamentale de l'acte d'achat lui-même.
3. La sécurité de l'IA n'a pas de solution unique : le débat planétaire entre Europe et Japon
La question de la régulation de l'IA est souvent présentée comme un bloc monolithique. Pourtant, la réalité est bien plus nuancée, comme l'a brillamment illustré un débat entre experts européens et japonais lors d'une session sur l'« IA pour la Santé ». Cette discussion a mis en lumière la complexité d'équilibrer innovation et sécurité à l'échelle mondiale, révélant deux approches philosophiquement opposées.
D'un côté, l'Union Européenne avance avec une approche stricte de « hard law », un cadre réglementaire contraignant visant à garantir la confiance via des infrastructures de données comme l'Espace européen des données de santé (EHDS). De l'autre, le Japon privilégie une « soft law » flexible, favorisant l'innovation rapide grâce à des cadres plus souples et des « bacs à sable réglementaires » (regulatory sandboxes). Ce contraste fascinant montre qu'il n'existe pas de réponse unique au défi de la gouvernance de l'IA. C'est une conversation globale, subtile, où la gestion du risque est aussi importante que la technologie elle-même.
4. Le double défi de l'IA : réduire son empreinte carbone pour mieux sauver la planète
La relation entre l'intelligence artificielle et le changement climatique est à double tranchant, un paradoxe qui a été au centre de la session « IA pour la Planète ». Des leaders de SAP, du ministère français de la Transition écologique et de l'UNESCO ont exposé avec une grande maturité la double mission que le secteur doit mener de front. D'une part, le défi du « Greening AI » : rendre l'IA elle-même plus durable. Cela implique de développer des modèles plus frugaux, moins gourmands en énergie et plus efficaces pour réduire l'empreinte carbone de la technologie.
D'autre part, l'immense promesse du « Greening with AI » : utiliser la puissance de l'IA pour accélérer les solutions environnementales. En exploitant sa capacité à analyser des ensembles de données massifs, l'IA peut améliorer la résilience climatique, optimiser la consommation d'énergie et soutenir des initiatives d'envergure comme le projet européen « Destination Earth ». Cette perspective équilibrée, qui reconnaît la responsabilité de l'IA tout en exploitant son potentiel pour le bien commun, marque une étape décisive dans le dialogue entre technologie et durabilité.
Si Adopt AI 2025 nous a appris une chose, c'est que la véritable révolution de l'IA se déroule loin des gros titres. Elle est structurelle, profonde et déjà à l'œuvre. Elle ne concerne pas seulement les nouveaux gadgets, mais la refonte des fondations de l'industrie, la redéfinition du commerce, l'élaboration de nouvelles règles du jeu mondiales et la prise de conscience de notre responsabilité écologique.
Alors que ces systèmes s'intègrent au cœur de notre monde, la vraie question n'est plus de savoir s'ils vont tout changer, mais comment nous choisirons de guider leur évolution. Quel rôle y jouerez-vous ?