Pauline, pouvez-vous nous raconter comment vous en êtes venue à vous intéresser à l'intelligence artificielle et à en faire votre domaine de prédilection ?
Il y a 4 ans j'ai créé un e-shop de marques françaises. Je rédigeais alors beaucoup de contenu pour le web : fiches produits, articles de blog. Puis j'ai entendu parlé de ChatGPT à La radio et par curiosité je m'y suis intéressée. Là, j'ai rapidement compris que je pouvais produire 4x plus de contenus sans y passer 4x plus de temps. C'est à ce moment que j'ai commencé à en faire un outil du quotidien. Puis j'ai réalisé que les gens autour de moi ne l'utilisaient pas, ou comme google ou ne voyaient pas le potentiel. J'ai donc décidé de créer des capsules vidéo pour vulgariser l'IA générative sous le nom les prompts de pauline. Les réseaux sociaux m'ont apporté de la visibilité et les entreprises ont commencé à me contacter pour animer des formations et séminaires. C'est alors que j'ai décidé d'en faire mon métier à plein temps pour accompagner les entreprises dans cette nouvelle révolution digitale. Aujourd'hui nous accompagnons des entreprises de tous secteurs et toutes tailles (cegid, franrpix, groupama, Picard, Saint-Gobain, Sodexo, Caran d'ache) en France et à l'étranger au travers de la formation, du conseil, de l'audit et des plans de déploiement et d'adoption. Je dis nous car les prompts de Pauline c'est maintenant une agence avec une équipe de formateurs, tous formés à ma pédagogie, ce qui me permet de me concentrer sur les missions de conseil même si ça ne m'empêche pas d'animer encore quelques formations, j'adore transmettre !JE suis aussi l'auteur de 2 livres aux éditions first "on peut presque tout demander à ChatGPT" et "Mettez de l'IA dans votre travail" => le 2eme sort le 13 nov
Comment expliquez-vous les avantages de l'intelligence artificielle aux entreprises réticentes à l'adopter ou qui craignent qu'elle ne soit trop complexe ?
Déjà l'IA générative n'est pas compliquée à prendre en mains.Il faut juste comprendre que ce n'est pas un moteur de recherche et que ça induit un changement profond dans la manière de travailler. C'est un outil inévitable au même titre qu'on ne pourrait plus aujourd'hui recruter un collaborateur ne sachant pas naviguer sur le web, envoyer un email ou créer un word. Donc il faut s'y intéresser. Je ne cherche jamais à forcer mais à informer dans un premier temps car ce qui fait peur est souvent ce que l'on ne connait pas. Ensuite, j'explique aux entreprises que cela représente un gain de compétitivité énorme en apportant productivité et valeur et que si l'entreprise ne l'adopte pas alors les concurrents vont avoir un avantage compétitif énorme.
Quel est le plus grand défi que vous rencontrez lorsque vous aidez une entreprise à intégrer l'IA dans ses opérations quotidiennes ?
Ils sont au moins 3 : - la réticence des collaborateurs et le changement de mindset : il faut accepter de changement ses méthodes de travail, or le poids des habitudes est fort, ensuite la sécurité : protéger ses données sensibles. Cela implique parfois un blocage des accès des collaborateurs aux IA génératives grand public mais cela conduit souvent à du shadow IA. Pour moi il faut informer et mettre en place une charte d'utilisation de l'IA. Enfin, le manque le gouvernance. Aujourd'hui il n'existe pas une feuille claire de ce qu'un head of AI doit mettre en place. C'est justement ce sur quoi je travaille au sein du AI Manager Club pour aider les entreprises à accélérer le déploiement et l'adoption de l'IA
Votre implication dans le podcast 'Communauterre' et le projet 'Time for the Planet' reflète une sensibilisation aux enjeux écologiques. Comment intégrez-vous ces valeurs dans votre travail en intelligence artificielle ?
En effet sur le plan écologique ça ne parait pas très cohérent. mais justement je sensibilise toujours sur l'impact environnemental qui est souvent mis de côté. En informant et en formant sur une utilisation responsable, on responsabilise les collaborateurs. Par exemple je les incite toujours à regarder en priorité dans les banques d'images libres de droit si leur visuel peut s'y trouver avant de créer une nouvelle image et le faire que si c'est nécessaire.
Vous mentionnez l'éthique comme un aspect fondamental de vos formations en IA. Pourriez-vous détailler comment vous abordez les préoccupations éthiques avec vos clients ?
L’éthique est un fil conducteur de nos formations. Nous l’abordons à travers des études de cas et des ateliers qui confrontent les participants à des dilemmes concrets : gestion des biais, transparence, respect des données. On privilégie toujours la réflexion critique. L’objectif est que chaque participant puisse développer sa propre capacité à questionner les réponses de l'IA. De plus, nous accompagnons nos clients dans la mise en place de chartes internes, de comités d’évaluation ou d’outils de suivi des impacts.
En tant qu'experte en IA, quelles tendances ou innovations récentes dans le domaine de l'intelligence artificielle vous semblent les plus prometteuses pour les années à venir ?
J’estime que la période que nous traversons est moins une “nouvelle vague IA” qu’une phase de maturation : les capacités technologiques continuent d’avancer, mais ce sont les usages, l’intégration, la gouvernance, la responsabilité qui deviennent le champ véritable d’innovation. L’un des défis à venir sera justement celui de l’interface : allons-nous utiliser l’IA via des outils du quotidien – messageries, applications de travail collaboratif – ou verrons-nous émerger de nouveaux agents autonomes, physiques ou virtuels ? Cette question, à la fois technique et culturelle, déterminera la manière dont l’IA s’installe durablement dans nos pratiques. J'ai hâte de vivre ces prochaines années !
Avec votre expérience dans la formation et le conseil, quels conseils donneriez-vous à une entreprise qui débute tout juste son parcours vers l'intégration de l'intelligence artificielle ?
Je lui dirais de commencer par la sensibilisation, c'est une étape clé pour informer les collaborateurs de l'impact sur les données. je conseille ensuite de mettre en place une charte d'utilisation de l'IA. Ensuite, identifier non seulement les cas d’usage mais aussi vérifier que l’infrastructure, les compétences, la gouvernance sont prêtes à supporter l’IA :c'est la phase d'audit
Une fois les cas d'usage identifiés, se poser la question de la technologie .
Ensuite mettre en place des éléments de pilotage avec des KPI clairs et mesurables et enfin mettre en place un plan d'Adoption. Je détaille ces étapes dans mon 2ème livre qui sort le 13 novembre 2025 :)
Pauline Ebel est fondatrice de Les Prompts de Pauline, où elle offre des formations et des conseils en intelligence artificielle pour les entreprises. Elle a récemment rejoint le AI Manager Club en tant que coordinatrice. Elle a une expérience significative dans le domaine de l'IA, notamment en audit, diagnostic, et formation. Pauline est également auteure de deux ouvrages sur l'IA, et elle collabore avec des entreprises telles que Cegid et Saint-Gobain. Elle a un master en marketing et management des services de SKEMA Business School.