
Par notre envoyé spécial Hervé GONAY – RAISE Summit
Dans les salles prestigieuses du Carrousel du Louvre, au cœur de Paris, un air d’optimisme et de détermination flottait lors du RAISE Summit 2025. Clara Chappaz, récemment nommée ministre déléguée à l’Intelligence Artificielle et aux Affaires Numériques, s’est livrée à un échange inspirant sur la stratégie de la France en matière d’intelligence artificielle (IA). Face à un public dense et attentif, elle a brossé un portrait saisissant d’un pays résolument tourné vers l’avenir, déterminé à jouer un rôle majeur dans la révolution technologique mondiale.
Une ambition clairement affirmée
« Choisissez la France. Nous sommes prêts à vous accueillir, et c’est un moment extrêmement excitant pour construire ici », a lancé Clara Chappaz en conclusion de son intervention. Le ton était donné : loin de se contenter d’un rôle secondaire, la France entend désormais compter parmi les grands leaders mondiaux de l’IA. Selon elle, cette ambition repose sur une alchimie particulière : excellence scientifique, politique pro-business, infrastructures énergétiques propres et, surtout, un engagement fort en faveur de l’inclusion et de l’innovation ouverte.
Depuis 2017, sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, le pays a changé de posture. Réformes fiscales, simplification des démarches administratives, incitations à l’investissement : l’État s’est mué en facilitateur de croissance. « Il y a huit ans, la France était davantage perçue comme un pays du luxe que de la tech. Aujourd’hui, nous avons changé la donne », rappelle la ministre.
Une stratégie fondée sur l’écosystème et la communauté
L’un des points forts de la France dans cette course mondiale, c’est l’essor de son écosystème tech. Portée par le label La French Tech, la scène startup française n’a cessé de s’internationaliser. Paris, mais aussi Lyon, Toulouse, Nantes ou Lille, accueillent désormais des hubs dynamiques où se croisent chercheurs, ingénieurs, entrepreneurs et investisseurs de tous horizons.
« La communauté est vibrante, engagée, et surtout internationale. C’est cette diversité qui stimule l’innovation », souligne Clara Chappaz. À l’image de Station F ou de l’écosystème grenoblois dans la deeptech, la France cultive désormais une approche fédératrice, où la collaboration prime sur la compétition.
Henri Delahaye, co-organisateur du RAISE Summit, abonde : « Il y a dix ans, un événement comme celui-ci n’aurait pas rassemblé autant d’acteurs internationaux autour d’une ministre française. Aujourd’hui, c’est un signal fort : Paris est devenue un carrefour incontournable de l’IA. »
L’atout maître : l’excellence scientifique et énergétique
La ministre l’a martelé avec fierté : « Nous avons les meilleurs scientifiques du monde ». Derrière cette affirmation, un fait indéniable : la France figure parmi les rares pays à combiner une tradition de recherche fondamentale de haut niveau (CNRS, INRIA, Polytechnique…) avec un accès à une énergie bas carbone abondante, grâce notamment à son parc nucléaire.
Cet avantage devient crucial à l’heure où l’IA, en particulier les modèles de fondation et les LLM, exige des capacités de calcul énergivores. En ce sens, la France fait figure de modèle de durabilité. « L’IA verte, ce n’est pas une utopie. C’est un choix stratégique », insiste Chappaz, évoquant le plan d’investissement de 109 milliards d’euros pour renforcer les infrastructures de calcul et de stockage.
Ce soutien massif à la recherche et à la souveraineté technologique permet à la France de figurer aujourd’hui à la cinquième place mondiale dans l’IA, selon les derniers classements internationaux. Et les ambitions ne s’arrêtent pas là.

Démocratiser l’IA : un défi sociétal
Mais si les fondations scientifiques et économiques sont solides, un autre défi persiste : l’appropriation massive de l’IA par la société. « Si les gens ne s’en emparent pas de manière équitable, nous ne pourrons pas en récolter les fruits », avertit la ministre.
Pour y remédier, le gouvernement a lancé l’initiative “Osons l’IA”, visant à former 15 millions de Français à l’intelligence artificielle d’ici 2027. Ce programme ambitieux repose sur une pédagogie concrète, fondée sur des cas d’usage réels (dans la santé, l’agriculture, l’industrie, etc.) et sur des formats accessibles : webinaires, ateliers citoyens, MOOC, et même des “cafés IA” organisés dans les territoires.
L’enjeu ? Créer une culture commune de l’IA, où chacun, quelle que soit sa profession ou son niveau d’étude, puisse comprendre, questionner et utiliser ces outils. « La confiance est essentielle. Il faut répondre aux peurs par la pédagogie, à la méfiance par la transparence », explique Clara Chappaz.
L’open source, cheval de bataille stratégique
Autre pilier de la stratégie française : le soutien aux technologies open source. Dans un monde dominé par les géants américains et chinois, la France défend une approche alternative, plus démocratique, plus transparente.
« Nous devons faire en sorte que les technologies que nous construisons et déployons ne bénéficient pas seulement à quelques acteurs », martèle la ministre. En soutenant des modèles de fondation ouverts, à l’image de Mistral AI, LightOn ou encore Bloom porté par le collectif BigScience, la France promeut une IA accessible à tous, y compris aux PME, aux chercheurs, aux administrations et aux associations.
Ce choix stratégique pourrait s’avérer payant : dans un contexte de méfiance croissante à l’égard des modèles fermés et propriétaires, la transparence devient un argument de compétitivité.
Une IA sobre et performante : la voie de la frugalité
La France mise aussi sur un modèle frugal de développement technologique. Loin des solutions surdimensionnées, les entreprises françaises privilégient l’efficacité et l’impact. De nombreux projets s’inscrivent dans une logique low cost, high impact, en optimisant les algorithmes, en mutualisant les ressources de calcul, ou en adaptant les modèles aux besoins réels des utilisateurs.
Cette approche séduit notamment les pays émergents et les secteurs publics, où les contraintes budgétaires sont fortes. « La frugalité n’est pas une contrainte, c’est une philosophie », affirme Chappaz. Elle pourrait même devenir un avantage concurrentiel durable.
Vers une diplomatie technologique plus équitable
Enfin, Clara Chappaz a insisté sur l’importance de la coopération internationale. Dans un monde où les tensions géopolitiques et les inégalités technologiques s’exacerbent, la France souhaite jouer un rôle de médiateur, en promouvant une IA éthique, inclusive et partagée.
Cela passe par des partenariats multilatéraux, des forums de co-développement, mais aussi par la mobilisation de l’Europe comme puissance régulatrice et normative. « L’accès équitable à l’IA va devenir l’un des enjeux géopolitiques majeurs des dix prochaines années », prévient la ministre.
Quelles perspectives pour les acteurs économiques ?
Pour les entreprises françaises, plusieurs enseignements clés émergent de cette vision stratégique :
Adopter rapidement l’IA : les dirigeants doivent identifier des cas d’usage pertinents (automatisation, relation client, logistique, etc.) et initier des formations internes pour développer les compétences.
Profiter des dispositifs publics : les aides à l’innovation, les formations subventionnées et les appels à projets offrent un tremplin précieux pour expérimenter sans risque.
S’impliquer dans l’écosystème : participer aux événements tech, rejoindre des réseaux comme La French Tech ou les pôles de compétitivité, permet de rester informé et connecté.
Favoriser l’open source : collaborer avec des chercheurs, tester des modèles ouverts, et contribuer à leur amélioration peut offrir des avantages durables en matière de coûts et de souveraineté.
une France prête à accueillir les bâtisseurs de demain
« Le fait que vous soyez si nombreux aujourd’hui montre que nous avons réussi à faire de ce pays un lieu attractif pour la tech et l’innovation », a conclu Clara Chappaz, sous les applaudissements nourris de la salle.
Le message est clair : la France ne se contente plus d’accompagner la révolution IA, elle veut la façonner. À l’heure où chaque pays cherche sa place dans cette nouvelle ère numérique, Paris joue désormais dans la cour des grands. Il reste des défis à relever — confiance, adoption, régulation — mais la dynamique est là.
Pour les entrepreneurs, chercheurs, investisseurs et citoyens, c’est peut-être le meilleur moment pour “choisir la France”.
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PS : Dans ce contexte, Zenbaia se présente comme la solution innovante, permettant de créer des agents intelligents utilisant l'IA générative sans expertise technique, boostant ainsi la productivité et les performances.
Clara Chappaz est la Ministre Déléguée chargée de l’Intelligence Artificielle et du Numérique au sein du Gouvernement français. Elle a précédemment occupé le poste de Secrétaire d’État dans le même domaine. Avant cela, elle a été Directrice de La French Tech et a travaillé chez Vestiaire Collective en tant que Chief Business Officer et Chief Growth Officer. Clara est diplômée de Harvard Business School (MBA) et de l'ESSEC Business School. Elle possède des compétences en stratégie marketing, e-commerce et gestion de projets complexes. Clara est reconnue pour son leadership dans des environnements compétitifs et pour sa capacité à innover.
Hervé Gonay est le fondateur de Zenbaia, une plateforme innovante d'intelligence artificielle destinée à optimiser la productivité des professionnels. Avec une expérience significative dans le domaine du marketing et de l'IA, il a co-fondé plusieurs entreprises, dont GetQuanty et le media IA4business.info . Hervé possède des compétences solides en consulting, e-commerce, et en gestion des données. Il a également occupé des postes de direction chez des entreprises renommées comme Oracle et SAP.