Du savoir au réflexe : l’IA comme levier d’une culture apprenante (Antoine SIMON, Maze)

Antoine, comment votre expérience en mise en scène théâtrale a-t-elle influencé votre approche de la réalité virtuelle et de l'IA dans la création d'expériences immersives?

Le théâtre forum : s’entraîner au réel par le jeu et le feedback

Avant l’IA, il y a eu la scène. Le théâtre forum m’a appris que l’on ne transforme pas un comportement par une consigne, mais par l’expérience.
On y rejoue des situations tendues du quotidien professionnel. On y tente, on s’expose, on recommence. On y découvre, surtout, que l’impact d’un mot, d’un geste, d’un silence ne s’analyse pas en théorie : il se ressent, collectivement.

Le théâtre forum, c’est une pédagogie du vivant. On cherche moins la bonne réponse que le bon levier. On y développe une lucidité d’action — celle qui permet d’agir juste, dans l’incertain, face à l’humain.

🤖 AIraklès : amplifier cette logique avec l’IA agentique

Avec AIraklès, nous avons voulu prolonger cette philosophie d’apprentissage — et la rendre accessible à tous, partout, à tout moment.

Le théâtre devient interface. Le partenaire de jeu, un agent IA. Le feedback devient un système vivant d’analyse : plusieurs agents IA observent, évaluent, recommandent. Les pairs complètent ce regard, comme dans un théâtre forum où les regards croisés enrichissent l’action. L’entraînement, un parcours continu.

Ce que le théâtre faisait en salle, AIraklès le rend possible à l’échelle :

En incarnant des clients, collègues, managers à travers des personae IA.

En observant les choix, en analysant les postures, en guidant les ajustements.

En intégrant l’entraînement au cœur du quotidien professionnel.

On ne forme plus. On entraîne. On affine. On incarne.

Et c’est toujours le même moteur : changer le regard, éprouver, progresser. Mais avec une exigence désormais scalable, répétable, personnalisée.

De la scène à la simulation, j'ai cette même intention : faire du réel un terrain de maîtrise.

En tant que co-fondateur de STAYFE, comment pourriez-vous décrire l'impact de l'IA sur l'optimisation des environnements de travail et le bien-être au sein des organisations?

Je ne sais pas tout ce que l’IA peut optimiser dans un environnement de travail.
Mais je sais ce qu’elle peut déclencher.

Avec AIraklès, notre écosystème d'IA nous ne parlons pas de capteurs ou de métriques.
Nous parlons d’entraînement pour développer la sécurité psychologique, la diversité, le feedback.
De mises en situation vécues.
De feedbacks précis, répétés, sans jugement.
Et de ce que cela transforme, en profondeur.

👉 La sécurité psychologique ne se décrète pas.
Elle s’éprouve.

Elle naît d’un climat où l’on peut dire “je ne sais pas”, “je me suis trompé”, “j’ai besoin d’aide” — sans crainte de ridicule ni de sanction.
Et ce climat, c’est par la pratique qu’on l’installe.
Pas dans les chartes. Dans les réflexes.

Quand les collaborateurs s’exercent à s’écouter, à se parler vrai, à formuler un désaccord sans heurter…
Quand le feedback devient un geste naturel, pas un moment à part…
Quand chacun peut tester, rater, s’ajuster…
Alors la sécurité psychologique devient réelle.
Et avec elle : la créativité, l’engagement, la coopération, la santé mentale.

AIraklès ne digitalise pas le bien-être.
Il crée les conditions pour que chacun devienne acteur du climat de travail qu’il vit.

Et ça, c’est une révolution silencieuse.
Mais déterminante.

Pouvez-vous partager un exemple concret où l'IA a permis une transformation significative dans un des projets ou séminaires que vous avez animés?

Lors d’un séminaire sur la posture relationnelle, chacun s’est entraîné face à une IA incarnant un client complexe. Pas de spectateurs. Pas de bons élèves. Juste des professionnels en action.

En quelques heures, ils sont passés de “je veux bien faire” à “je tente autre chose”.
Parce que l’IA ne juge pas, ne soupire pas, ne rit — elle permet d’oser.
Ils ont répété. Jusqu’à dix fois le même scénario.
Et à chaque fois, ils ajustaient : une question plus ouverte, un silence mieux posé.

« D’habitude, certains ne passent jamais. Là, tout le monde a testé, reçu un feedback, avancé. »
« Je pensais voir un outil, j’ai vécu un vrai entraînement. Même en anglais, l’IA suit. »
Plus de cas. Plus de participation.
Une formation plus juste, plus dense, plus transformative.

Comment conciliez-vous l'innovation technologique avec la valorisation de l'humain dans vos projets? L'IA représente-t-elle un défi ou une opportunité à cet égard?

L’IA n’est pas, pour nous, une alternative à l’humain. C’est un accélérateur d’humanité.

Dans nos dispositifs, elle ne remplace rien d’essentiel — elle crée des conditions nouvelles. Des conditions pour tester, oser, s’ajuster. Elle observe, elle provoque une réponse, elle offre un retour immédiat. Et c’est déjà beaucoup.

Mais elle ne voit pas tout. Elle ne sent pas une hésitation. Elle ne lit pas les non-dits.
C’est pourquoi, dans chaque entraînement, un collègue est là. Un pair. Un formateur. Un regard humain.

Ce duo — IA + regard incarné — est la clef.

Quand on s’entraîne face à une IA, on est à la fois dans un espace protégé et dans une relation exigeante.
Et c’est ce que nous cherchons à provoquer : un apprentissage qui muscle les gestes, mais aussi la posture.
Un entraînement qui développe des réflexes… et une qualité de relation.

C’est dans cette articulation fine — entre technologie de précision et lecture humaine sensible — que naît la transformation durable.
Ce n’est pas l’un ou l’autre.
C’est l’alliance des deux qui change tout.

Comment voyez-vous l'évolution de l'IA dans le domaine des sciences cognitives et quelles implications cela pourrait-il avoir pour votre entreprise, Maze?

Historiquement, les sciences cognitives cherchaient à comprendre la pensée. L’IA, elle, nous pousse à l’habiter autrement.
Aujourd’hui, si l’IA sait presque tout, si elle a toutes les réponses.
Ce n’est plus ce que l’on sait qui compte, mais savoir quelle question poser et ce que l’on choisit de faire des réponses q'on obtient.
L'IA déplace la compétence : du savoir vers le discernement.
Ecouter vraiment, discerner une vérité, opter pour la bonne alternative, incarner une direction : voilà les nouvelles clés.

Chez Maze, cette bascule est au cœur de notre travail.
Nous concevons des expériences apprenantes pour développer ces soft skills complexes — celles qui ne s’enseignent pas, mais qui s’éprouvent.

Et avec AIraklès, nous franchissons un cap : s’entraîner sans limite, tester, rejouer, affiner — jusqu’à transformer un savoir en posture.
Ce n’est plus l’apprentissage comme transmission.
C’est l’apprentissage comme capacité à évoluer, à arbitrer, à tenir un cap humain dans un monde augmenté.

C’est là que l’IA, bien pensée, devient un levier de croissance.
Pas pour penser à notre place.
Mais pour nous entraîner à mieux penser, mieux agir, mieux nous relier.

Avez-vous constaté des réticences de la part des entreprises ou des individus à adopter l'IA dans leurs pratiques courantes? Comment travaillez-vous pour surmonter ces résistances?

Oui, il y a des réticences. Et c’est légitime.
Derrière chaque résistance, il y a une question essentielle : est-ce que cette technologie va me déposséder… ou me renforcer ?

Chez AI Training, nous ne vendons pas une promesse algorithmique.
Nous faisons vivre une expérience d'entraînement où chacun peut essayer, s’ajuster, progresser — sans être jugé.

Notre IA n’est jamais seule en scène.
Elle observe, accompagne, suggère.
Mais ce sont les regards humains — collègues, formateurs, pairs — qui affinent, interprètent, relient au réel.

Et à chaque fois, un basculement se produit.
Nos clients ne se projettent pas dans le remplacement de leurs process d’assessment, de recrutement ou de formation.
Ils y voient autre chose : un levier pour donner accès à tous, à tout moment, à des entraînements autrefois réservés à quelques-uns.
Un moyen d’amplifier l’apprentissage. De le démocratiser.

C’est cette alliance, entre clarté algorithmique et intelligence collective, qui transforme les perceptions.
Et qui, à chaque fois, transforme la résistance en adhésion.

Quelle vision proposez-vous pour l'intégration de l'IA dans l'éducation, notamment dans des initiatives comme l'université du Bonheur au Travail que vous avez co-construite?

L’IA ne doit pas remplacer l’éducation.
Elle doit la prolonger, la rendre plus vivante, plus juste, plus active.

Dans des initiatives comme l’Université du Bonheur au Travail, nous avons toujours défendu une pédagogie expérientielle, ancrée dans le réel.
L’IA, bien conçue, peut en être le prolongement naturel. Non pas en délivrant des contenus standardisés, mais en activant le bon retour, au bon moment, dans la bonne situation.

Ce qu’on attend, ce n’est pas une IA omnisciente.
C’est une IA capable de se glisser dans le quotidien du travail,
de repérer ce qui est en train de s’apprendre,
et de transformer une interaction, une décision, une erreur… en levier d’entraînement.

Comme un coach invisible, toujours disponible.
Qui déclenche l’apprentissage dans l’action.

C’est un changement de logique :
📍 Passer d’un événement à un environnement
📍 D’une formation ponctuelle à une culture apprenante continue
📍 D’un savoir transmis à un réflexe incarné

L’innovation, ce n’est pas d’avoir plus de contenus.
C’est de transformer chaque moment de travail en moment de développement.
Et c’est exactement ce que l’IA, si elle est pensée pour entraîner et non pour trier, peut nous permettre de faire.

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