Interview
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Marie, pouvez-vous nous expliquer comment vous avez intégré l'intelligence artificielle dans les stratégies marketing de grandes marques comme Panasonic et Google?
Chez LVMH, nous avons mobilisé des DA IA pour proposer des approches plus efficientes lorsque certaines maisons avaient besoins d'assets en quantité, dans des délais courts, sans faire déplacer toute une équipe au bout de la France... l
Chez d'autres annonceurs qui nous ont sollicités, nous avons mené des ateliers d'accompagnement de la pratique de l’IA pour en faire un levier de performance marketing ops, en mettant la donnée au service de la créativité et de la prise de décision... et en leur permettant de gagner en autonomie et en rapidité d'exécution sur des tâches chronophages de leur quotidien (upcycling de contenus, scripts de formations internes, illustrations de briefs agences, création de présentations ou reportings en un rien de temps...)
Étant donné votre expertise en IA générative, quels sont, selon vous, les obstacles les plus importants que rencontrent les entreprises lors de l'intégration de l'IA dans leurs opérations marketing?
Les trois grands obstacles sont toujours les mêmes :
L’absence de gouvernance IA (pas de responsable, pas de méthode),
La peur de la perte de créativité,
Le cloisonnement des compétences et de la connaissance interne.
Les entreprises abordent l’IA comme un outil de production, alors que c’est un levier de transformation organisationnelle.
Ce que nous faisons chez Fleet Forward, c’est reconnecter le “pourquoi” et le “comment” : former les équipes, repenser les offres, ajuster les modèles de rentabilité.
L’IA n’est qu’un accélérateur, encore faut-il avoir la bonne direction.
Avec votre double casquette de fondatrice de Fleet Forward et Fleet Collective, comment parvenez-vous à innover dans l'utilisation de l'IA tout en répondant aux exigences marketing actuelles?
Fleet Forward, c’est la partie conseil stratégique : nous aidons les agences à rebooter leur modèle de rentabilité.
Fleet Collective, c’est la partie opérationnelle : un réseau de freelances et d’experts capables de mettre en œuvre les workflows IA que nous concevons.
Ensemble, nous créons un modèle intégré : penser, tester, prouver.
Notre philosophie c'est que chaque minute gagnée doit être une minute mieux utilisée.
L’innovation chez Fleet n’est pas d’utiliser l’IA plus vite, mais de repenser la chaîne de valeur du marketing pour que chaque heure créative, chaque euro investi, chaque freelance mobilisé serve à augmenter la marge et la valeur perçue.
Pour les agences créatives hésitant à adopter l'IA générative, quels sont les principaux arguments que vous présenteriez pour les convaincre de franchir le pas?
L’IA ne remplace pas la créativité, elle accélère la réflexion stratégique et révèle la valeur cachée dans la manière de penser, pas dans la production.
Les agences qui refusent encore de s’y confronter ne manquent pas d’outils, elles manquent de processus intégrés.
L’enjeu n’est pas de savoir utiliser ChatGPT ou Midjourney, mais de réinventer leur modèle de création de valeur : comment facturer, livrer, et accompagner leurs clients dans un monde où ceux-ci peuvent déjà produire seuls.
L’IA ne rend pas les agences obsolètes. Elle rend obsolètes les agences qui n’ont pas de modèle.
En tant que conférencière sur l'innovation marketing, comment pensez-vous que la perception de l'IA dans ce secteur a évolué ces dernières années?
En 2023, l’IA était perçue comme une menace.
En 2024, elle est devenue un outil.
En 2025, elle est un facteur de compétitivité organisationnelle.
Les entreprises les plus avancées ne se demandent plus “quelle IA utiliser”, mais “comment mon équipe, mon modèle, mes marges évoluent grâce à elle”.
Cette évolution reflète un basculement culturel : nous passons d’une phase d’expérimentation à une phase de structuration.
Les marques et agences qui gagneront demain sont celles qui sauront orchestrer l’IA au service de la créativité rentable, pas seulement de la productivité.
Votre réseau de freelances joue un rôle crucial dans vos projets. Comment sélectionnez-vous et formez-vous ces freelances pour vous assurer qu'ils maîtrisent bien l'IA et qu'ils peuvent répondre aux besoins des clients?
Fleet Forward s’appuie sur un collectif de freelances qui ne sont pas simplement “outillés en IA”, mais formés à la rentabilité de l’IA appliquée à leur background métier.
Nous les sélectionnons sur trois critères :
Maîtrise des outils (génératifs, data, automatisation),
Connaissance métier (créa, stratégie, média, prod..),
Capacité à documenter leurs cas d’usage.
Cette documentation est essentielle pour nous: elle alimente notre base de données interne, qui nous permet d’identifier les meilleures pratiques par typologie d’agence et d’industrie - pour nourrir nos talents et clients.
C’est cette intelligence collective augmentée qui fait de Fleet Forward un “AI Operations Partner” incontournable pour les agences - et par extension leurs clients.
En pensant aux années à venir, comment envisagez-vous l'évolution de l'usage de l'intelligence artificielle dans le marketing et quels impact cela pourrait-il avoir sur le rôle des consultants en IA comme vous?
D’ici 2026, nous allons passer de “l’usage des IA” à la conception d’écosystèmes IA.
Les consultants ne seront plus là pour “former aux outils”, mais pour orchestrer des systèmes de performance hybride : humains + modèles + données.
Chez Fleet Forward, notre rôle évolue déjà vers celui de Chief Revenue Engineer : comprendre comment l’IA influence directement le revenu, la marge et la satisfaction client.
L’avenir du conseil IA ne sera pas technique, mais économique.
Et c’est exactement là que nous nous positionnons.
