
Charlotte, en tant que responsable du datashake studio, pouvez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a amenée à vous spécialiser dans l'IA créative ?
J’ai plus de dix ans d’expérience en direction artistique et en branding. J’ai commencé par accompagner des marques de tous secteurs, en explorant des terrains créatifs assez variés. Quand j’ai découvert l’intelligence artificielle, j’ai été immédiatement séduite : j’y ai vu un outil puissant, capable de transformer nos façons de créer. Non pas pour remplacer les humains, mais pour décupler nos possibilités et s’intégrer parfaitement au processus créatif.
Depuis quatre ans, je me spécialise dans l’IA générative, en l’intégrant dans mes projets de création visuelle, de campagnes publicitaires et de design d’expérience. Cette démarche m’a amenée à rejoindre il y a quelques mois datashake et à prendre la direction du studio. Mon rôle aujourd’hui est d’allier performance publicitaire et innovation créative, en démontrant que l’IA est un levier concret pour produire plus vite, mieux, et avec un impact mesurable.
Vous avez accompagné plus de 250 entreprises. Quelles ont été les transformations les plus marquantes observées grâce à l'intégration de l'IA dans leur stratégie créative ?
L’intégration de l’IA a profondément changé la manière dont les marques envisagent leur stratégie créative. La première transformation, c’est la vitesse : nous avons réduit de plusieurs semaines certains délais de production, ce qui permet aux entreprises de coller beaucoup plus rapidement aux tendances et à l’actualité.
La deuxième, c’est la flexibilité. L’IA offre une capacité d’itération quasi infinie : tester différents concepts, formats et visuels, puis mesurer leur performance en temps réel. Les marques peuvent ainsi prendre des décisions créatives basées sur la data, et non uniquement sur l’intuition.
Enfin, la plus marquante reste la démocratisation de la créativité. Là où certaines entreprises pensaient manquer de moyens ou de ressources pour produire des campagnes ambitieuses, l’IA leur permet aujourd’hui d’accéder à un niveau de qualité et d’impact auparavant réservé aux grandes marques.
En tant que vice-présidente de l'IACC, comment voyez-vous l'évolution de l'IA dans le domaine de la création artistique et publicitaire dans les prochaines années ?
Je pense que nous sommes seulement au début de ce que l’IA va apporter à la création. Dans les prochaines années, son rôle sera de plus en plus hybride : elle ne remplacera pas les créatifs, mais deviendra un partenaire indispensable, intégré aux process de conception, de production et même de diffusion.
Dans la publicité, l’IA va permettre une hyper-personnalisation des contenus, capables de s’adapter en temps réel aux audiences et aux contextes de diffusion, tout en restant cohérents avec l’identité de marque. Côté artistique, elle ouvre des champs d’exploration inédits : de nouvelles esthétiques, de nouvelles narrations, et une démocratisation de l’accès à la création.
Notre rôle à l’IACC est justement d’accompagner cette évolution, en veillant à ce que l’innovation technologique reste au service de la culture, des industries créatives et des talents. L’IA n’est pas une fin en soi : c’est un outil qui va transformer notre façon de créer, de raconter des histoires et de connecter les marques à leurs publics.
Quels sont les plus grands défis et opportunités que vous voyez se présenter dans ce secteur ?
Les défis restent nombreux : pédagogie autour de l’IA, adaptation aux évolutions technologiques rapides, et accompagnement des marques pour qu’elles intègrent ces outils sans perdre leur identité. Mais c’est aussi ce qui fait la richesse de ce secteur : chaque défi cache une opportunité. L’IA permet de produire plus vite, de tester davantage, de personnaliser à l’extrême… et surtout d’ouvrir la créativité à des territoires encore inexplorés.
Chez datashake studio, nous voyons l’IA comme un levier stratégique, au service de la performance publicitaire et de l’innovation créative. C’est cette combinaison entre technologie et direction artistique qui représente, selon moi, la plus grande opportunité des prochaines années.
Avec l'essor des outils d'IA créative, comment conciliez-vous tradition artistique et innovation technologique dans votre travail de direction artistique ?
Pour moi, il n’y a pas de contradiction entre tradition artistique et innovation technologique : au contraire, elles se nourrissent l’une de l’autre. La direction artistique repose sur une vision, une culture visuelle et une capacité à raconter des histoires. L’IA, elle, vient enrichir ce processus en ouvrant de nouveaux champs d’exploration et en accélérant certaines étapes de production.
Concrètement, je vois l’IA comme un outil d’amplification. Elle permet de générer rapidement des pistes, de tester des esthétiques, d’explorer des directions visuelles qui auraient pris beaucoup plus de temps avec des méthodes classiques. Mais l’essence de la création reste humaine : c’est le directeur artistique qui choisit, affine et donne du sens.
Vous êtes également active sur les réseaux sociaux. Comment utilisez-vous ces plateformes pour influencer et éduquer le public sur le potentiel de l'IA créative ?
Les réseaux sociaux sont pour moi un laboratoire d’idées et un espace de pédagogie. J’y partage à la fois des cas concrets issus de nos projets et des décryptages accessibles pour montrer que l’IA n’est pas une boîte noire, mais un outil au service de la créativité et de la performance. Mon objectif est double : inspirer les marques sur ce qu’il est possible de faire, et éduquer le grand public en rendant ces sujets clairs et concrets.
J’essaie aussi, au maximum, de faire comprendre aux designers que l’IA n’est pas une menace pour leur métier. Au contraire, elle peut enrichir leur pratique, élargir leurs possibilités créatives et leur permettre de se concentrer sur ce qui a le plus de valeur : la vision et l’idée.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu'un souhaitant intégrer l'intelligence artificielle dans leur processus créatif, mais qui ne sait pas par où commencer ?
Mon conseil serait de commencer petit, sans pression. Testez un outil sur une tâche simple, voyez ce que ça change, et surtout… amusez-vous. L’IA doit rester un terrain d’expérimentation et de curiosité : c’est en jouant avec elle qu’on découvre son vrai potentiel créatif.
Charlotte Cohen est Head of Studio du datashake studio (entité créative du groupe datashake), spécialisée dans la créativité et l'intelligence artificielle. Elle a accompagné plus de 250 entreprises dans leurs stratégies créatives marketing et est membre du Prompt Club. En tant que vice-présidente de l'IACC, elle s'investit dans l'intersection de l'IA et de la culture créative.
Charlotte valorise la performance créative, combinant direction artistique, analyse de données et optimisation continue. Convaincue que la créativité est un levier essentiel pour le succès des campagnes, son approche consiste à concevoir des concepts créatifs puissants et à utiliser l'IA pour améliorer la productivité, booster la créativité et réduire les coûts.