Piloter son entreprise à l’ère de l’IA (Jérôme Dron, SmartForge)

Bonjour Jérôme, pourriez-vous nous parler de votre parcours et de ce qui vous a conduit à fonder SmartForge ?

Après plus de dix ans passés dans l’univers du e-commerce, j’ai eu la chance de toucher à plusieurs métiers : développeur, consultant, responsable d’agence, puis directeur e-commerce.
Ce parcours, riche et exigeant, m’a confronté à toutes les réalités du terrain. En 2017, j’ai décidé de sortir de ma zone de confort et de créer Redison, une start-up dans un domaine que je ne connaissais pas : l’IoT musical. Parti de zéro, seul, j’ai appris un nouveau secteur, monté une équipe, conçu un produit breveté, et réussi à le distribuer dans plus de 70 pays.

Mais c’est en observant l’explosion de l’intelligence artificielle générative que j’ai ressenti le même frisson qu’à mes débuts : un virage à prendre, une opportunité à saisir.

L’IA peut transformer radicalement la manière dont on entreprend, et trop peu d’entreprises savent réellement comment l’exploiter de façon concrète. J’ai donc co-fondé SmartForge : une agence qui accompagne les dirigeants à intégrer l’IA non pas comme un gadget, mais comme un levier stratégique pour gagner en efficience, structurer leur croissance et rester compétitifs.

Comment expliquez-vous aux PME et aux dirigeants l’importance de l’intelligence artificielle dans l’optimisation de leurs activités ?

Je commence toujours par un principe simple : l’IA ne remplace pas l’humain, elle augmente ses capacités. Elle libère du temps, fiabilise les processus, accélère la prise de décision. Ce n’est pas de la science-fiction, c’est du bon sens appliqué.

Aux PME, j’explique que l’IA n’est plus réservée aux géants de la tech. Aujourd’hui, avec les bons outils, on peut automatiser des tâches chronophages, générer des contenus marketing en quelques minutes, prédire des comportements clients ou optimiser une chaîne de production… le tout avec des solutions accessibles financièrement.

Mais ce qui fait la différence, ce n’est pas la technologie : c’est la méthode. C’est là qu’on intervient avec SmartForge. On part toujours du besoin métier, on identifie les gains et les leviers sur 3 horizons : court, moyen et long terme.
Le but, c’est de prouver par l’exemple que l’IA est un investissement rentable, pas un effet de mode.

Avec plus de 10 ans d'expérience dans le e-commerce, comment voyez-vous l'impact de l'IA sur ce secteur spécifique ?

L’e-commerce est un terrain de jeu idéal pour l’intelligence artificielle. C’est un secteur ultra-compétitif où chaque point de marge compte, et où les données clients sont une mine d’or encore trop peu exploitée.

Concrètement, l’IA permet de personnaliser les expériences d’achat à grande échelle, d’optimiser les campagnes marketing en temps réel, de prédire les ventes, de mieux gérer les stocks, ou encore d’automatiser la relation client. Ce ne sont pas des promesses : ce sont des applications que j’ai vues fonctionner sur le terrain.

Ce qui change aujourd’hui, c’est la vitesse d’exécution. Ce qu’une équipe faisait en plusieurs jours, un assistant IA bien entraîné peut désormais le faire en quelques minutes. Et ça, pour un e-commerçant, c’est un avantage compétitif énorme.

Mais encore une fois, sans vision stratégique, l’IA reste un gadget. Il faut structurer son usage autour de la donnée, du parcours client et de la performance. Ceux qui l’ont compris sont déjà en train de prendre de l’avance.

Pouvez-vous partager un cas concret où l'introduction de l'IA a transformé une entreprise pour laquelle SmartForge a travaillé ?

Bien sûr. Je pense notamment à un cabinet de conseil RH qui nous a sollicités pour gagner en productivité, sans sacrifier la qualité de leur accompagnement humain.

Le diagnostic a révélé que leurs consultants passaient des heures à analyser des CV, rédiger des synthèses de profil et structurer leurs recommandations. On a donc co-construit un assistant IA personnalisé, entraîné sur leur jargon métier et leurs critères d’évaluation.

Résultat : les consultants ont divisé par trois leur temps de traitement, tout en gagnant en cohérence. Et surtout, ils ont pu se recentrer sur ce qui fait leur valeur ajoutée : le contact humain, l’analyse fine, la relation client.

Ce n’est pas de la magie, c’est de l’optimisation intelligente. Et c’est exactement ce qu’on cherche à déclencher avec chaque mission : des gains concrets, visibles, et un changement d’échelle dans la manière de travailler.

Quels sont les principaux défis auxquels les PME font face lorsqu'elles adoptent des solutions d'intelligence artificielle et comment les aidez-vous à les surmonter ?

La première résistance, c’est la peur : peur de perdre le contrôle, peur de l’inconnu, peur de faire une erreur stratégique. On entend souvent : « Ce n’est pas pour nous », « C’est trop complexe », « On n’a pas le temps ». En réalité, ces freins viennent surtout d’un manque de clarté sur les bénéfices réels et les moyens de mise en œuvre.

Ce que je dis aux dirigeants, c’est que l’IA ne demande pas forcément de tout révolutionner. Il suffit souvent de commencer petit, de manière ciblée. Un premier cas d’usage bien choisi, bien accompagné, suffit à lever les doutes. C’est comme une démonstration par la preuve.

Ensuite, il y a le facteur humain. Si vous n’associez pas vos équipes, si vous ne leur expliquez pas le « pourquoi » et le « comment », l’IA devient anxiogène. Chez SmartForge, on intègre systématiquement les collaborateurs dans le processus. On forme, on co-construit, on rassure. Et là, tout change.

Selon vous, quelle est la compétence la plus cruciale que les dirigeants doivent développer pour intégrer efficacement l’IA dans leurs stratégies d'entreprise ?

La compétence clé, c’est la capacité à structurer sa pensée stratégique autour de la donnée. L’IA ne fait pas de miracle si les fondations ne sont pas solides. Un dirigeant doit savoir identifier ce qui mérite d’être automatisé, ce qui peut être enrichi par l’IA, et ce qui doit rester purement humain.

Cela passe par une double lecture : avoir une vision claire de ses enjeux business – croissance, rentabilité, différenciation – et une bonne compréhension des capacités actuelles des outils IA. Pas dans le détail technique, mais assez pour challenger, arbitrer, prioriser.

Ce n’est pas une question de technologie. C’est une question de pilotage. Celui qui sait poser les bonnes questions à ses équipes, à ses partenaires, à ses outils, sera capable de transformer l’IA en avantage concurrentiel durable.

En tant qu’expert et dispensateur de formations en IA, comment anticipez-vous l’évolution du rôle de l’IA dans le monde des affaires au cours des cinq prochaines années ?

L’IA ne sera plus un « plus », elle deviendra un prérequis. On va assister à un basculement complet : les entreprises qui auront intégré l’IA dans leur fonctionnement quotidien vont creuser un écart irrattrapable avec celles qui seront restées spectatrices.

Concrètement, l’IA va s’infiltrer dans toutes les strates de l’entreprise : marketing, relation client, finance, RH, production. On verra émerger des rôles hybrides – chefs de projet IA, stratèges data, copilotes métier – avec des collaborateurs augmentés, capables de piloter des assistants IA personnalisés comme aujourd’hui on pilote un CRM.

Mais ce ne sera pas une révolution technique. Ce sera une révolution managériale et culturelle. Les entreprises qui réussiront seront celles qui sauront allier agilité, vision long terme et capacité à faire monter leurs équipes en compétence. C’est d’ailleurs ce que je dis souvent en formation : intégrer l’IA, ce n’est pas savoir utiliser un outil, c’est apprendre à penser différemment.

Et cette mutation a déjà commencé.


Jérôme Dron est le co-fondateur et CEO de SmartForge, une agence spécialisée dans l'accompagnement des PME et dirigeants dans l'intégration de l'intelligence artificielle. Il propose un conseil quotidien en IA et se concentre sur la formation et l'accompagnement des entreprises pour améliorer leur productivité. Avec plus de 10 ans d'expérience dans le secteur du e-commerce, Jérôme a également fondé Redison, une startup innovante dans les objets connectés. Il possède des compétences en leadership, gestion de l'innovation, marketing et développement commercial.

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