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Interview
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L'IA, un coach en empathie ?
Il n'y a pas si longtemps, Kelly Jones, Chief People Officer chez Cisco, se préparait à une conversation difficile avec un membre de son équipe, très performant mais en difficulté. Sachant que cette personne traversait des épreuves personnelles, elle avait préparé ses points clés, mais le ton ne lui semblait pas juste. C'est alors qu'elle s'est tournée vers l'IA.
En fournissant le contexte de leur relation, le style de communication de son interlocuteur et son intention, l'IA ne lui a pas écrit le message, mais l'a aidée à l'affiner, rendant ses mots plus clairs, plus réfléchis et plus empathiques.
Cette expérience vient renforcer un thème contre-intuitif mais essentiel : à l'ère de l'IA, les leaders qui réussissent ne sont pas seulement compétents sur le plan technique, ils sont aussi profondément humains. Cette nouvelle réalité exige un nouveau modèle de leadership, celui du « Super Leader », qui ne se contente pas de maîtriser la technologie, mais l'utilise pour amplifier ce que nous avons de plus humain.
L'urgence d'un nouveau leadership
L'IA redéfinit notre façon de travailler, et par conséquent, le profil de ceux qui y réussissent. Selon l'indice de préparation à l'IA 2024 de Cisco, un sentiment d'urgence prévaut : 85 % des dirigeants d'entreprise estiment qu'ils ont moins de 18 mois pour mettre en œuvre une stratégie d'IA sous peine de prendre du retard. Pourtant, moins d'une entreprise sur sept est entièrement prête à adopter l'IA à grande échelle.
Ce décalage représente à la fois une opportunité et une responsabilité immense pour les leaders. Ce n'est pas seulement un défi, c'est un mandat pour une réinvention audacieuse du leadership. En effet, selon le consortium AI-Enabled ICT Workforce mené par Cisco, si plus de 91 % des rôles dans les technologies de l'information et de la communication seront transformés par l'IA, les compétences qui demeureront les plus essentielles restent profondément humaines : l'empathie, l'éthique, l'adaptabilité et la communication.
Les quatre visages du "Super Leader"
À mesure que les exigences du leadership évoluent, c'est l'état d'esprit, et non le titre, qui distingue les leaders les plus efficaces. Personnellement, je me reconnais le plus dans le/la Philosophe. En période de changement, les valeurs servent de point d'ancrage. Les meilleurs leaders remettent en question les hypothèses, réimaginent le progrès et gardent toujours l'humanité au cœur de leur démarche.
Ceux qui excellent incarnent souvent quatre facettes distinctes. Ces facettes ne sont pas des traits de caractère figés ; ce sont des compétences qui peuvent être développées.
1. Le Technologue : L'innovateur pragmatique
Le/la Technologue adopte un état d'esprit de croissance et exploite l'IA pour stimuler l'innovation, l'efficacité et la création de valeur. Ce leader ne se contente pas de suivre la tendance, il cherche activement des moyens d'intégrer la technologie pour améliorer les processus et les résultats. Chez Cisco, nous explorons par exemple l'utilisation de l'IA dans des simulations en réalité virtuelle. Ces expériences immersives permettent aux leaders de s'exercer à des scénarios complexes dans un environnement sécurisé, recevant un feedback ciblé pour affiner leurs compétences et renforcer leur confiance.
2. L'Empathique : Le connecteur humain
C'est ici que le paradoxe de l'IA prend tout son sens. L'Empathique se concentre sur la création d'un environnement de sécurité psychologique et d'une culture inclusive. Ce leader comprend que plus la technologie progresse, plus les compétences profondément humaines deviennent cruciales. Il ou elle sait que la transformation ne concerne pas seulement les outils, mais aussi la manière dont nous soutenons les personnes qui les utilisent.
"Les leaders qui réussiront à l'ère de l'IA sont ceux qui, tout en maîtrisant la technologie, restent profondément humains."
3. Le Philosophe : L'ancre éthique
Le/la Philosophe ancre ses décisions dans l'éthique, la raison d'être et l'impact à long terme. En période de changement majeur, les valeurs servent de point d'ancrage. Les meilleurs leaders remettent en question les hypothèses et réimaginent le progrès, mais gardent toujours l'humanité au cœur de leur démarche. Ils s'assurent que l'innovation sert un objectif plus grand et bénéficie à tous.
4. L'Agent(e) du Changement : Le navigateur de l'incertitude
L'Agent(e) du Changement mène avec résilience, accepte l'incertitude et aide les équipes à traverser la transformation avec confiance. Face à la « fatigue du changement », ce leader est essentiel pour soutenir les employés et préserver les liens humains qui font la force d'une organisation. Il ou elle transforme la résistance en élan et l'incertitude en opportunité.
Prendre soin de soi pour mieux diriger
Pour cultiver ces compétences humaines, il est essentiel d'investir dans le bien-être des leaders, surtout en période de transformation. La manière dont un leader se présente et innove en pleine disruption détermine le succès de celle-ci au sein de ses équipes. Chez Cisco, nous étudions des programmes de bien-être hyper-personnalisés, qui pourraient par exemple exploiter les données issues de technologies portables pour élaborer des plans sur mesure. Nous explorons également des approches non technologiques, comme notre programme pilote "whole leader", qui inclut une évaluation intensive à 360 degrés et l'accompagnement par des coachs de vie. Si les leaders investissent en eux-mêmes, ils seront prêts à diriger leurs équipes de manière plus connectée et plus humaine.
Plus efficaces, et surtout plus humains
Le leadership à l'ère de l'IA ne consiste pas à choisir entre la technologie et l'humanité, mais à utiliser la technologie pour amplifier nos meilleures qualités humaines. L'objectif n'est pas seulement de déployer des outils de pointe, mais de cultiver une culture de curiosité, d'expérimentation et de croissance.
Le message final est puissant : les Super Leaders utilisent l'IA pour apporter de la clarté, pas de la complexité. Pour donner les moyens d'agir, et non pour submerger. Pour construire des environnements de travail qui ne sont pas seulement plus efficaces, mais plus humains.
Quelle facette du Super Leader chercherez-vous à développer en premier ?
