
Bonjour Emmanuel, en tant que champion de l'IA émotionnelle, comment voyez-vous l'évolution de l'interaction entre l'homme et la machine à travers le prisme des émotions dans les années à venir ?
L’évolution de l’interaction entre l’homme et la machine à travers le prisme des émotions dans les années à venir se fera selon trois axes principaux : l’amélioration de la compréhension émotionnelle par les machines, leur capacité à générer des interactions émotionnelles, et le rôle que joueront les humains dans ce cadre.
1. La compréhension émotionnelle par les machines
Grâce aux avancées en intelligence artificielle, notamment dans le traitement du langage naturel et l’analyse des signaux non verbaux (comme les expressions faciales, le ton de la voix ou même les biomarqueurs), les machines deviendront de plus en plus aptes à détecter et interpréter les émotions humaines. Cela leur permettra d’adapter leurs réponses et comportements de manière plus personnalisée. Par exemple, des IA dans le domaine de la santé mentale pourront non seulement reconnaître des signes de stress ou d’anxiété, mais aussi fournir un accompagnement adapté, voire alerter un professionnel si nécessaire.
2. L’émergence de l’intelligence émotionnelle artificielle
Les machines ne se contenteront pas de comprendre les émotions : elles apprendront également à les simuler. Cela soulève la question de la création d’interactions plus naturelles et empathiques, par exemple dans les services clients, les assistants virtuels ou les robots éducatifs. Cependant, cette capacité pourrait entraîner des problématiques éthiques, notamment sur la manipulation émotionnelle ou la frontière entre le réel et l’artificiel.
3. Un partenariat homme-machine repensé
La relation ne sera pas unilatérale. Les humains, en interaction avec des machines de plus en plus “émotionnelles”, devront développer de nouvelles compétences : comprendre les limites de ces machines, collaborer efficacement avec elles et conserver leur propre intelligence émotionnelle pour ne pas devenir trop dépendants des interactions artificielles.
En conclusion, l’avenir de cette interaction ne dépendra pas uniquement de la technologie, mais aussi de notre capacité à l’encadrer et à l’utiliser de manière éthique. Si l’homme reste maître du processus, l’intelligence émotionnelle artificielle pourra enrichir nos vies, sans remplacer le lien authentique et profond entre les humains.
Vous avez une expérience considérable dans le secteur de l'assurance. Comment l'intelligence artificielle transforme-t-elle ce secteur et quels en sont les principaux défis éthiques selon vous ?
ces progrès posent des questions éthiques fondamentales :
• Discrimination algorithmique :
L’utilisation de l’IA pour évaluer les risques peut entraîner des discriminations involontaires. Par exemple, des algorithmes mal entraînés ou biaisés pourraient exclure certains profils, comme des populations marginalisées ou à faibles revenus, en raison de corrélations perçues mais injustes.
• Transparence et consentement :
La collecte et l’utilisation massive de données personnelles (comme les données de santé ou celles issues d’objets connectés) soulèvent des questions sur la transparence vis-à-vis des assurés et leur consentement éclairé.
• Limite de l’automatisation :
L’automatisation des décisions, notamment dans le traitement des sinistres, peut manquer d’humanité. Comment une machine peut-elle gérer des situations émotionnellement complexes, comme un décès ou une catastrophe, sans déshumaniser l’expérience client ?
• Cybersécurité et responsabilité :
L’utilisation croissante des données expose les assureurs à des cyberattaques massives. De plus, en cas d’erreur algorithmique ayant un impact sur les assurés, qui sera responsable : l’assureur, le concepteur du modèle, ou le régulateur ?
En mettant tant l'accent sur l'IA éthique, pourriez-vous partager un exemple de dilemme éthique que vous avez rencontré et comment vous l'avez abordé ?
Dans un projet visant à intégrer l’intelligence artificielle pour un système de scoring d’assurance, l’IA devait analyser une vaste quantité de données pour évaluer les risques et proposer des primes personnalisées. L’objectif était de rendre les offres plus justes et plus adaptées. Cependant, lors des phases de tests, nous avons détecté que l’algorithme favorisait involontairement certains groupes au détriment d’autres. Par exemple, certains codes postaux associés à des zones géographiques spécifiques entraînaient des primes disproportionnées, reflétant des biais historiques liés aux données.
La publication de vos ouvrages tels que 'L'IA éthique' et 'L’IA et la santé' suggère une réflexion profonde sur ces sujets. Quels impacts espérez-vous que ces livres aient sur la perception publique de l'IA ?
Oui je vais être bref: IA FOR ALL de samsung
En tant que conférencier TEDx et influenceur, quelle est votre stratégie pour éduquer et sensibiliser les entreprises et le grand public aux enjeux de l'IA, notamment dans des domaines émergents comme le Web3 et le Metaverse ?
En tant que conférencier TEDx et influenceur, ma stratégie pour sensibiliser aux enjeux de l’intelligence artificielle, du Web3 et du Metaverse repose sur l’accessibilité, la personnalisation et l’impact concret. J’utilise des récits engageants, des analogies simples et des démonstrations pratiques pour rendre ces concepts compréhensibles et directement applicables aux entreprises comme au grand public. Mes interventions sont personnalisées selon les attentes de l’audience, intégrant des cas d’usage spécifiques et des formats interactifs, comme des ateliers ou des sondages en temps réel. Enfin, je m’assure d’aborder les dimensions éthiques et sociétales pour promouvoir une adoption responsable et inclusive, tout en diffusant du contenu éducatif continu sur mes plateformes digitales pour prolonger l’impact au-delà des conférences.
Comment votre rôle de lieutenant-colonel de réserve à la Gendarmerie Nationale influence-t-il votre compréhension et votre approche des technologies émergentes, notamment en matière de sécurité et d'éthique ?
RAS
Pour finir, quel conseil donneriez-vous aux jeunes professionnels qui souhaitent se spécialiser dans l'IA émotionnelle tout en gardant un sens aigu des responsabilités éthiques ?
Aux jeunes professionnels souhaitant se spécialiser dans l’IA émotionnelle, je conseille d’allier expertise technique et réflexion éthique dès le départ. Formez-vous aux fondamentaux de l’intelligence artificielle, mais aussi en psychologie, neurosciences, et éthique pour comprendre l’impact humain de vos solutions. Travaillez avec des équipes pluridisciplinaires pour intégrer différentes perspectives et privilégiez toujours la transparence et l’équité dans vos approches. Testez vos algorithmes pour identifier et corriger les biais, tout en gardant à l’esprit que l’IA émotionnelle doit enrichir les interactions humaines sans les remplacer. Enfin, impliquez-vous dans des discussions ouvertes sur les réglementations et les bonnes pratiques, car votre rôle dépasse la technologie : il s’agit de construire un futur où innovation rime avec responsabilité.
Emmanuel Moyrand est expert en intelligence artificielle générative et automatisation. Il aide les dirigeants à améliorer leur retour sur investissement de 30 % grâce à des solutions d'IA concrètes et adaptées. Il a formé plus de 6000 professionnels et est l'auteur de plusieurs ouvrages sur l'IA et la transformation digitale. Actuellement, il est fondateur du FOBIA, un forum dédié à l'intelligence artificielle dans les territoires. Emmanuel propose des conférences, des formations sur mesure et du conseil stratégique. Son approche se concentre sur l'efficacité opérationnelle et la montée en compétences des équipes. Il est également conférencier TEDx et possède une expérience variée dans des secteurs tels que l'immobilier, les assurances et la santé.